Pourquoi la presse va mal...et pourquoi ça ne va pas s'arranger ?

France soir au bord du dépôt de bilan, Libération au régime sec, Le Figaro et Le Monde refont la déco…la faute à la presse gratuite, clament certains, la faute à internet, estiment les autres, et pourquoi pas les deux ? En réalité, les raisons de cette bérézina sont autrement plus simples.

Jamais les Français n’ont autant consommé d’info – trop d’info tue l’info – et jamais, pourtant, la remise en cause de la presse n’a été aussi forte. Quand hier la presse apportaient les dernières nouvelles du front pendant la guerre, quand hier encore la télé inaugurait son premier jt, aujourd’hui les rôles sont un peu confus. Le citoyen n’attend plus la presse pour lire, il lit sur internet, pourquoi? Tout simplement car l’information est la même, les dépêches, c’est à dire la base du métier de journaliste, sont accessibles à tout le monde et en quasi instantané. L’internaute est de nos jours capable de construire son propre journal, il pique dans les « urgents », il établit sa propre hiérarchie, il partage son opinion sur les forums, il écrit sur son propre blog… Le citoyen est devenu journaliste à part entière, à quoi bon lire le journal quand l’info est gratuite et surtout illimitée sur le web. C’est qu’entre temps la presse en général, et payante en particulier, n’a pas su évoluer et surtout se remettre en question. Mais qu’est ce qui ne va pas alors dans les colonnes du Figaro, Le Monde est-il vraiment trop tourné vers l’international? En fait le problème, tous les grands patrons de presse le connaissent déjà, il s’agit de ce fameux conformisme ambiant.

Aujourd’hui, et pour ne blesser personne, quelle différence faites vous entre tous ces quotidiens, l’information est à peu près la même partout, tout simplement car ils ont les mêmes dépêches que vous, que moi, que n’importe quel internaute. Plus grave encore, il n’y a plus de réelle analyse, plus d’audace, aucune remise en cause, très peu de prise de risque, les commentaires, bien sûr qu’il y en a, mais là encore, ils n’ont plus aucune saveur. Pour vendre aujourd’hui, la dernière solution, et sans doute pas la meilleure, c’est de faire dans le sensationnel, autrement dit l’information spectacle. Le vide, du vent, voilà en gros ce qu’on nous propose aujourd’hui dans les journaux, à grand renfort de pub. Du sondage en veux tu en voilà, des petites phrases, des photos, des scoops bidonnés  ou sur vendus, une mode dans l’air du temps qui ne sera pas éternelle…

Une crise qui profite à d’autres effectivement, la presse gratuite a le vent en poupe, car elle a très vite compris que l'info, du moins sa source,était la même partout, alors autant faire bref pour aller à l’essentiel car oui, disons le, l’info ça évite aussi de perdre son temps dans le métro… Internet est aussi bien en pointe dans ce domaine, Yahoo vient de recruter ses propres reporters, Wikipédia – l’encyclopédie universelle ouverte à tous – compte aujourd’hui de plus en plus d’adeptes… Le potentiel d’internet est loin d’être encore totalement mesuré. Les chaînes d'info en continu ont également donné un sacré coup de vieux au papier journal, la radio aussi, mais dans une moindre mesure et ce n'est plus totalement vrai en 2006. Attention, néanmoins, il ne faut pas se tromper de cible, la presse gratuite et le web profite de la mauvaise santé de la presse, mais ils n’en sont, d’aucunes façons à l’origine, ils sont tout simplement modernes et en phase avec leur temps.

Voilà donc qui est dit, mais alors si les solutions sont connues,  pourquoi encore ce matin, la presse nous ressert-elle la même rengaine ? Les présidentielles à la une du Figaro avec sondage (encore un) à l’appui, cocorico à la une de France Soir, avec Mauresmo et le hold up sur l’acier, l’acier qui est d’ailleurs à la une des Echos, de La Tribune et de Métro. Plouf, plouf, au bout de trois ça sera toi, un, deux, trois…

Comments

[Le basque]

Bien vue petit buzzz.